Daniel Chapo, devenu le cinquième président de la République du Mozambique, a prêté serment ce mercredi sur la place de l’Indépendance à Maputo. Cet événement marque la continuité du règne du Frelimo, parti au pouvoir depuis près de 50 ans, mais se déroule dans un contexte de contestation sans précédent.
Lors de son investiture, Daniel Chapo a juré, main sur la Constitution, de respecter les lois du pays, de promouvoir l’unité nationale et de garantir la justice pour tous les citoyens. La cérémonie, qui a réuni environ 2 500 invités, s’est déroulée sous haute sécurité. Le centre-ville de Maputo a été bouclé par la police, tandis que des hélicoptères survolaient la zone et que des tirs de gaz lacrymogènes étaient signalés dans les environs.
Manifestations meurtrières et tensions
En parallèle de cette investiture, des manifestations ont éclaté dans plusieurs régions du pays, à l’appel de l’opposant Venancio Mondlane, qui conteste l’élection. Selon l’ONG Plataforma Decide, sept personnes ont perdu la vie ce mercredi à Maputo et à Nampula, portant à plus de 300 le nombre de morts liés aux violences post-électorales depuis octobre.
Ces violences, initialement centrées sur des accusations de fraude électorale, se sont élargies à une critique générale de la gouvernance et des dysfonctionnements de l’Etat. Face à cette situation, Daniel Chapo a débuté son discours par une minute de silence en hommage aux victimes des récents troubles ainsi qu’aux victimes du cyclone Chido.
Le président a affirmé que « le Mozambique est plus fort que n’importe quel défi » et a appelé ses compatriotes à transformer les crises en opportunités.
Une investiture sous le signe de l’isolement
Seuls deux chefs d’Etat africains, Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) et Umaro Sissoco Embalo (Guinée-Bissau), ont assisté à la cérémonie. Ce qui illustre l’isolement diplomatique auquel Daniel Chapo fait face. Officiellement élu avec 65 % des voix, son scrutin est largement contesté par l’opposition, qui dénonce des irrégularités massives.
Le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a, par ailleurs, appelé les forces de sécurité mozambicaines à s’abstenir d’un « usage disproportionné de la force » face aux manifestants.
Dans son dernier discours en tant que président sortant, Filipe Nyusi a appelé à la réconciliation nationale et à la paix. Ces paroles résonnent alors que le pays, marqué par de profondes inégalités, traverse une crise sociale et politique.
Daniel Chapo entame ainsi son mandat dans un climat de défiance. Restaurer la stabilité et la confiance au sein de la population mozambicaine s’annonce comme l’un des plus grands défis de son quinquennat.
Les commentaires sont fermés.