Saïf al-Islam Kadhafi, fils de l’ancien dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, a livré sa version sur le financement présumé de la campagne présidentielle de 2007 de Nicolas Sarkozy.
Dans un échange écrit avec RFI, il affirme que la Libye a versé cinq millions de dollars en liquide pour soutenir l’ancien président français, en contrepartie d’accords politiques et économiques.
Saïf al-Islam Kadhafi accuse Nicolas Sarkozy et ses intermédiaires d’avoir exercé des pressions sur lui à plusieurs reprises pour modifier son témoignage dans cette affaire. Il évoque trois tentatives entre 2021 et 2022, impliquant des figures comme Souha al-Bedri et Noël Dubus. Ce dernier aurait même approché Hannibal Kadhafi, frère de Saïf, emprisonné au Liban, avec la promesse de sa libération en échange d’un changement de témoignage.
Malgré ces pressions, Saïf al-Islam affirme avoir refusé catégoriquement de revenir sur ses déclarations initiales, qui incriminent Nicolas Sarkozy.
Des fonds en liquide et des valises d’argent
Selon Saïf al-Islam, deux versements distincts de 2,5 millions de dollars chacun auraient été remis en espèces à des proches de Nicolas Sarkozy. Il mentionne des valises d’argent remises par Béchir Saleh, ancien argentier de Kadhafi, à Claude Guéant, directeur de cabinet de Sarkozy à l’époque. Ces fonds auraient été transférés en Suisse, bien qu’aucune preuve tangible n’ait été fournie à ce jour pour corroborer ces allégations.
L’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Christophe Ingrain, a qualifié ces accusations de « fantaisistes » et de « non étayées », dénonçant une vengeance de la part de Saïf al-Islam, dont la famille a été renversée en 2011 suite à une intervention de l’OTAN initiée par Sarkozy.
Le procès de Nicolas Sarkozy, ouvert le 6 janvier 2025 à Paris, examine ces accusations de financement libyen présumé. L’ancien président continue de nier fermement tout lien financier avec la Libye et déclare qu’aucun élément concret n’a été produit pour appuyer ces allégations.
La situation actuelle de Saïf al-Islam Kadhafi
Près de 14 ans après la chute du régime Kadhafi, Saïf al-Islam reste une figure controversée en Libye. Libéré en 2017 après six ans de détention, il vit aujourd’hui dans le sud du pays sous la protection de tribus locales. Toujours sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre, il bénéficie du soutien de ses avocats, qui contestent la compétence de la CPI en arguant qu’il a déjà été jugé en Libye.
Malgré sa marginalisation, Saïf al-Islam Kadhafi continue de jouer un rôle politique et médiatique dans les affaires internationales, notamment dans le cadre de ce procès très médiatisé.
Les commentaires sont fermés.