Le Togo pourrait désormais faire partie de l’Alliance des États du Sahel (AES), une organisation créée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger, visant à unir leur force face aux défis sécuritaires de la région. Cette possibilité a été confirmée mardi dernier par Robert Dussey, le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et des Togolais de l’extérieur.
L’Alliance des États du Sahel a été fondée dans un contexte de tensions croissantes avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la France, sur fond de menaces terroristes constantes dans le Sahel. L’Alliance a pour objectif de renforcer la coopération politique, économique et unifier les forces des Etats membres.
Avantages probables pour le Togo
Si l’adhésion de notre pays à l’AES se concrétise, le Togo pourrait jouer un rôle majeur dans le développement des échanges commerciaux au sein de cette organisation. De plus, la position géographique du Togo, avec son port en eau profonde à Lomé, offrirait une ouverture maritime cruciale aux pays membres de l’AES, qui ne disposent pas d’accès direct à la mer. L’intégration du Togo va donc ouvrir la voie du développement économique pour le Mali, le Burkina Faso, le Niger mais aussi pour le Togo.
Le côté négatif
La création de l’AES repose pleinement sur une vision panafricaniste profonde née de désaccords avec une CEDEAO jugée trop complaisante vis-à-vis du terrorisme au Sahel. De plus, l’Organisation sous-régionale a longtemps été dans le collimateur du Mali, Burkina Faso et du Niger sur des affaires de tentatives de déstabilisation. Au vue de la recrudescence des attaques terroristes, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, ont décidé de claquer la porte de l’Organisation. Les nombreux efforts pour faire revenir ces pays au sein de la CEDEAO, ont depuis tourné au fiasco. Le Togo a d’ailleurs piloté plusieurs missions de facilitation avec le Nigéria et la côte d’Ivoire, mais sans succès. Du coup, la position de médiateur qu’occupe le Togo, ne favorise pas sa bonne intégration au sein de l’AES. Politiquement, le pays pourrait se retrouver dans une situation délicate vis-à-vis de ces dirigeants panafricains. Il pourrait perdre sa capacité à arbitrer les conflits dans la sous-région et mettre à mal sa diplomatie.
A cheval entre les peuples
Le Togo pourrait plus perdre qu’il n’espère gagner en intégrant l’AES. La probable meilleure option serait encore de servir de pont entre l’AES et la CEDEAO. D’ailleurs, le pays a jusqu’alors voilé sa position vis-à-vis de la confédération jusqu’à maintenant. Il gagnerait encore à pacifier les uns et à réconcilier les autres comme aux temps du feu Président Gnassingbé Eyadéma. Il conforterait ainsi sa position de médiateur tout en entretenant des relations économiques avec l’AES plutôt qu’une intégration qui pour le décrédibiliser. D’ailleurs, les sceptiques partent du principe que seule un lien de coopération avec les trois pays de l’AES reste encore la meilleure option, le panafricanisme et l’autocratie ne pouvant cohabiter.
Condition Sine qua non
Pour de nombreux africains, une intégration du Togo à l’AES doit marquer un tournant dans la politique du pays en terme de changement dans la gouvernance. Elle devra sonner le glas de la coopération avec la France. De plus, elle doit amorcer une dissolution de la CEDEAO ou encore accélérer la disparition du Franc CFA. Selon certains panafricanistes, le Togo a obligation encore de livrer le président déchu Damiba aux autorités burkinabé, dénoncer les accords avec Paris, rompre avec les idéologies impérialistes, mettre son service de renseignement à disposition, démanteler les bases militaires françaises, avant d’entrer dans l’AES. Pour sa part, Ouagadougou n’a pas évoqué officiellement de préalables pour une éventuelle intégration du Togo.
Initialement
Au début, l’objectif de l’alliance était déclaré comme étant de » créer une structure de défense collective et de coopération mutuelle”, Mais au fil du temps, l’alliance militaire s’est transformée en une alliance politique et économique, et elle est sur le point de devenir une confédération. Les trois pays de la coalition, le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ont décidé de tourner le dos à la France, pour se rapprocher de la Russie. Pour ce faire, ils ont dû amorcé un retrait « irréversible » d’une Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) , orchestrée par la France. Dès lors, les trois pays ont renforcé leur potentiel militaire, renvoyant les unités militaires françaises et américaines du pays. Ces forces étrangères sont accusées d’ingérence dans la politique interne de l’AES, empêchant la réussite du combat contre le terrorisme.
La nouvelle monnaie
Les pays de l’AES entendent désormais créer une union économique et monétaire avec une nouvelle monnaie unique appelée SAHEL, considéré comme une nouvelle étape vers la restauration de la pleine souveraineté. Parmi les projets communs des pays de la coalition figure celui qui a été convenu par les ministres de l’Économie et des Finances (AES) pour créer un fonds de stabilisation et une banque d’investissement.
Dès lors, les pays voisins comme le Tchad, le Sénégal et le Togo éprouvent de l’excitation à suivre cette voie car leur objectif commun est d’éliminer l’influence économique destructrice de l’Occident. Mais à quel prix ?
Eric K
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