TOGO-LEGISLATIVES: une erreur selon la coalition, vers une nouvelle Assemblée nationale monoclore

On votait jeudi au Togo pour le compte des élections législatives. Le scrutin rejeté par la principale Coalition de l’opposition togolaise s’est déroulé dans un calme, que d’aucuns justifient par les appels au boycott. Mais ce qui est constant, au vu de la constatation sur le terrain, il y a eu une faible affluence dans les Centres de vote. Une situation qui réjouit le regroupement des 14 partis politiques de l’opposition qui qualifie les élections de jeudi d’une erreur à corriger par la mise en place d’un autre processus électoral. Mais le pouvoir ne l’entend pas de cette oreille. Le ministre Gilbert Bawara reconnait un « désintérêt des citoyens pour les scrutins », comme dans d’autres pays africains, mais annonce la mise en place de la nouvelle assemblée nationale.
Toute la journée de jeudi, Lomé avait le visage d’une ville morte. La situation n’est pas meilleure dans les autres villes en région. Pourtant, les togolais étaient appelés à se rendre aux urnes pour choisir de nouveaux députés pour renouveler l’Assemblée nationale. Toute la journée peu d’entre ceux qui se sont faits recensés se sont rendus dans les centres de vote pour accomplir leur devoir civique.
Visiblement, le climat dans lequel ces élections législatives ont été organisées a tétanisé la plupart des électeurs qui n’ont pas souhaité prendre de risque. En effet, ces élections sont rejetées par la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition depuis le début. Le regroupement a manifesté depuis plusieurs semaines son intention de tout mettre en œuvre pour empêcher le scrutin de se tenir. Ces leaders ont réitéré l’appel à l’empêchement des élections à la veille. Ajouter aux incessantes mises en garde du ministre de la sécurité, plusieurs électeurs, craignant le pire, ne se sont pas rendus aux urnes.
Ce constat est celui que nous avons dressé après des tours de plusieurs centres de vote à Lomé et au vu des informations recueillies auprès de nos contacts en région, notamment à Sokodé, Dapaong, Kpalimé. Les premiers chiffres du déploiement dans plusieurs centres de vote confirment cette réalité.
le vote de ce jour est une erreur »
Saluant ce que d’aucuns qualifient de boycott massif, la Coordinatrice des 14 partis politiques a indiqué en fin de matinée que « Les élections d’aujourd’hui constituent un coup pour rien ». Pour Brigitte Adjamagbo-Johnson, « les togolais ont montré aujourd’hui, qu’ils sont souverain ».
« Les Togolais ont préféré la guerre froide. Ils ont choisi de résister en restant chez eux. Le régime doit comprendre que le vote de ce jour est une erreur… C’est une erreur et il n’est jamais trop tard de bien faire. Le régime viendra à de meilleurs sentiments », a déclaré Mme Adjamagbo-Johnson au micro de Kanal FM.
Pour l’opposante, le processus qui a abouti aux élections de ce 20 décembre est à reprendre tout simplement de façon consensuelle, avec une CENI inclusive.
Mais le pouvoir de Faure Gnassingbé ne l’entend pas de cette oreille. Le gouvernement togolais se projette d’ores et déjà dans l’avenir. Le ministre de la fonction publique, Gilbert Bawara salue les togolais pour avoir « refusé de céder et de souscrire à la logique de la violence prônée par une frange de l’opposition ». Selon le porte-parole du gouvernement, les voix de ceux qui ont voté seront tout simplement respectés.
« Il faut reconnaître et saluer la maturité, le civisme et le sens de patriotisme et des responsabilités des Togolais, partout sur le territoire. Ils ont refusé de céder et de souscrire à la logique de violence, de destruction et d’affrontements prônée par une frange de l’opposition et certains milieux. Les voix,  l’expression démocratique et le vote de tous ceux et toutes celles qui se sont mobilisés dans toutes nos contrées, pour accomplir leur devoir civique, choisir nos futurs députés et assurer le renouvellement de l’Assemblée nationale, seront scrupuleusement respectés », a confié Gilbert Bawara.
« La nouvelle Assemblée doit tenir compte du contexte particulier du pays »
Evoquant la participation, M. Bawara reconnait « de plus en plus de désaffection et de désintérêt des citoyens lors des scrutins » mais assure que cela ne changera rien à la finalité de l’élection qui est le renouvellement de l’Assemblée nationale.
« Nous attendrons de connaître le taux exact de participation, de le confronter à la moyenne dans notre sous-région pour en tirer des enseignements utiles pour les futures échéances. Sans doute, comme dans la plupart des pays africains et à travers le monde, l’on peut déjà constater de plus en plus de désaffection et de désintérêt des citoyens lors des scrutins. Cela doit interpeller tous les acteurs politiques », a-t-il ajouté avant de préciser par ailleurs que quels que soient le taux de participation et le nombre de votant, l’élection est politiquement et juridiquement valable.
Revenant sur la crise que traverse le pays, l’homme de main de Faure Gnassingbé affirme que les nouveaux députés devront agir dans un esprit d’écoute, d’ouverture et d’humilité.
« La nouvelle Assemblée nationale devra nécessairement s’inscrire et agir dans un esprit d’écoute, d’ouverture et d’humilité, en tenant compte du contexte particulier de notre pays », a-t-il dit.
Plus de 3,155 millions de togolais sont appelés aux urnes jeudi pour élire les 91 députés. 850 candidats issus de 130 listes de 12 partis politiques et d’indépendants étaient en lice pour des élections que devrait remporter le parti au pouvoir, sans outre mesure.
Les chiffres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sont vivement attendus notamment en ce qui concerne le taux de participation.

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