DAKAR, 13 SEPTEMBRE (ASPAMNEWS)-Après la triste séance d’hier lundi, les travaux ont repris, ce mardi, à l’Assemblée nationale. Mais, le désaccord persiste sur le vote des autres postes du Bureau. Dès l’entame des travaux, le président de l’Assemblée nationale a annoncé que, Abdoulaye Diouf Sarr a été proposé au poste de 1er vice-président. Aissatou Sow Diawara a été proposée au poste de 2ème vive président, Dr Malick Diop au poste de 3ème vice-président et Yetta Sow au poste de 4e vice-président. Ce sont là les postes qui reviennent à Benno, selon le calcul.
Les postes de 5ème, de 6ème et de 8ème vice-présidents, sont dédiés à Yewwi. Mais, ladite coalition n’a pas encore donné de noms. Mamadou Lamine Diallo a été proposé proposé au poste de 7ème vice-président, qui revient à la coalition Wallu Sénégal.
Le député Birame Souleye Diop a expliqué pourquoi Yewwi n’a pas donné de noms. «C’est vrai qu’on s’est accordés sur le méthode de calcul qui est claire. Mais, nous avons une préoccupation avec la façon dont les postes ont été distribués», a indiqué le président du Groupe parlementaire de Yewwi.
Pour lui, le 3ème vice-président doit être de Yewwi, le 5ème de Yewwi, le 8ème aussi de Yewwi. Il a appelé aux discussions sur la méthode de calcul et de distribution des postes.
«Hier ils disaient qu’il n’y aurait pas de vote. Aujourd’hui ils disent qu’il faut discuter. Personne ne peut empêcher les gens de voter et vous le savez. Vous savez qu’on va installer les vice-présidents, les secrétaires élus etc.», a riposté Abdou Mbow.
Une suspension de séance a été demandée pour que les présidents des groupes parlementaires puissent s’accorder.
Certes, on s’attendait à ce que cette première passe d’armes entre le camp du régime en place Benno Bokk Yakaar (BBY) et celui de l’opposition regroupée au sein de l’inter coalition Yewwi-Wallu, soit digne d’un mortal kombat. Mais, dans un autre sens, une bonne partie du peuple sénégalais priait secrètement pour que cette 14ème législature et donc son installation soit enfin l’amorce d’une nouvelle ère. Celle tant attendue en terme d’exemplarité et de représentativité des citoyens et de leurs doléances diverses et légitimes.
Et bien comme on le craignait, le pire s’est produit au moment de lancer le scrutin, entre les nombreux vices de forme et supposées violation du règlement intérieur de l’assemblée nationale dénoncés par l’opposition (article 96 alinéa 6, régissant le processus de vote et les couleurs des bulletins de vote ou encore l’article 54 alinéa 2 relatif à la participation d’un ministre en fonction à un vote à l’assemblée nationale), les débats ont très vite dégénéré. En réalité, qu’en est-il du respect des parlementaires envers les populations ? Ceux-là qui ont récemment placé toute leur confiance et la force de leurs voix à l’endroit des 165 députés dont le comportement, pour certains d’entre eux, a été tout sauf honorable.
Résultat de cette situation fortement tendue, les gendarmes déjà à pied d’œuvre dès les premières heures, aux alentours comme à l’intérieur de l’assemblée nationale, reçoivent le feu vert de la doyenne et présidente de la séance, Aida Sow Diawara. Les choses dégénèrent, la tension monte crescendo, il faut que force reste à la loi ! Pour sécuriser le vote voire les votants eux-mêmes, l’hémicycle est envahi par la maréchaussée, aux ordres, déterminée à parer à toute tentative de blocage et ou d’entrave au vote…
Auparavant, l’opposition avec en première ligne Barth le « guerrier » téméraire, avait déjà engagé le blocus à ce scrutin qu’ils assimilent à une farce de mauvais goût. Premier acte fort, les députés de l’opposition refusent donc de sacrifier au vote et jettent tout à tour, symboliquement, leurs bulletins par terre, non loin de l’urne, en guise de contestation. Ceci sera suivi d’un siège collectif autour du perchoir afin d’en bloquer l’accès à leurs collègues députés.
Le geste choc. D’aucuns y voient un manque de respect notoire envers l’institution qu’est l’assemblée nationale. Un acte irresponsable de la part des « nouveaux » représentants du peuple ? Toujours est-il qu’un sentiment de désenchantement doublé d’une pointe de déception s’est subitement emparé d’une grande partie des sympathisants de Yewwi-Wallu. Et si l’assemblée de rupture tant annoncée n’était qu’un beau mirage teinté de promesses ? Le perchoir et ses occupants sont très rapidement entourés par plus d’une vingtaine de gendarmes. L’image est à la fois surréaliste et intimidante, mais également fort dégradante et salissante pour la vitrine jadis reluisante de la démocratie sénégalaise. Une scène digne d’un putsch sournois qui aurait été menée par le pouvoir « militaire. » Nous en sommes encore loin et le recours aux gendarmes, bien qu’étant excessif, obéit malheureusement au règlement intérieur de l’assemblée nationale (voire art 53 du règlement intérieur de l’assemblée nationale.)
Malgré tout, le Sénégal à travers ses députés, tous bords confondus, s’est donné en spectacle à la face du monde. Un spectacle désolant qui a eu le mérite de faire tomber les masques de nos « honorables » députés qui, le temps de leur installation à l’assemblée nationale, ont déjà montré leur avidité de pouvoir. Et les citoyens dans tout cela ?
S’en suivra donc une série de heurts entre « députés du peuple » et puis des altercations entre certains députés de l’opposition et les forces de l’ordre. Avec en tête d’affiche, l’actuel maire de Dakar, et candidat malheureux à la présidence de l’assemblée nationale, Barthélémy Dias, qui verra sa tentative de saboter le scrutin, vigoureusement bloquée par les pandores qui ne l’ont point ménagé au moment de lui dire stop !
Son « vote doufi ame », comprenez qu’il n’y aura pas de vote, a fait long feu face à l’intervention musclée des forces de l’ordre. Scène insolite, Barth, se retrouve brièvement à terre, sous les assauts des pandores en plus d’avoir vu Amadou Mame Diop élu président de l’assemblée suite à un vote à sens unique avec un BBY qui a profité du boycott pour élire facilement son candidat.
Mais alors, que dire de la déplorable prestation « parlementaire » du sieur Guy Marius Sagna ? L’activiste-député a brusquement tenté de s’emparer de l’urne contenant les bulletins de vote dans une sorte de bras de fer contre une dizaine de gendarmes, avant d’oser se mettre debout sur une table, en plein hémicycle, pour défier la présidente de la séance. Nous sommes dans quel pays à la fin ? Dans quelle sorte de république sommes-nous ?
Comment peut-on s’arroger le droit de manifester son désaccord en piétinant publiquement un symbole aussi fort ? Dire non est un droit, salir l’image de tout un pays est une autre chose. À ce rythme, la prochaine fois on pourrait assister à des scènes encore pires… L’hémicycle n’est certainement pas le lieu indiqué pour pareils formes de manifestations.
Dans cette honteuse journée, les députés du régime en place n’ont pas été exempts de tout reproche. En effet, dans cette affaire chacun devra balayer devant sa porte et penser à l’intérêt commun, aux sénégalais tout simplement !
Car, au moment où Ahmed Aidara, le maire de Guédiawaye, et aussi candidat finalement déchu à la présidence de l’assemblée nationale, se retrouvait brutalement projeté sur un des bureaux de l’assemblée nationale, dont le bois sera fracassé en mille morceaux à la suite de tiraillements, des femmes des deux bords en sont venues aux mains. Un crêpage de chignons digne d’une cour de récréation de l’école primaire. Une honte ! Surtout des scènes désolantes dont on pensait ne plus avoir à subir dans ce cadre ou seule le dialogue et la concertation ont leur place.
Dans cette série de faits aussi insolites que regrettables, s’est produit un autre évènement qui a presque failli échapper au public, le boycott de Aminata Touré. Au moment où tout le monde s’attendait à voir l’ancienne ministre de la justice et ex premier ministre devenir la première femme présidente de l’assemblée nationale sénégalaise, la donne a changé. Exit Mimi Touré ! La tête de liste nationale de la coalition Benno Bokk Yakaar est évincée à la dernière minute par le président Macky Sall.
Suffisant pour provoquer une colère froide chez Mimi ? Ce qui est sûr, c’est que la dame de fer a quitté la salle avant le vote, le visage fermé, la démarche ferme et déterminée. Si son collègue député, Farba Ngom a finalement voté pour elle, par procuration, des rumeurs voudraient que Mimi Touré en était arrivée à la résolution de ne point voter pour le candidat de Macky. Cette fois-ci, la rupture est-elle complètement actée entre le duo souvent explosif ?
Quelques heures après le vote et l’élection du nouveau président de l’assemblée nationale, Aminata Touré a immédiatement changé la photo de son profil Facebook. Le cliché sur lequel on la voyait en compagnie du président Macky Sall a subitement disparu, remplacé par sa propre photo… Dessus, elle affiche un large sourire comme pour envoyer un message de sérénité et d’espoir.
Enfin, au cours de cette journée désormais historique, Thierno Alassane Sall, en sa qualité de député non inscrit, a tenu à faire valoir son droit de vote. Un acte républicain dont devrait s’inspirer ses collègues parlementaires de l’opposition comme du régime d’ailleurs. Son vote sous la forme d’une abstention lors du vote, aura eu l’effet d’une piqûre de rappel… (NSN/2022)
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