Canada : réduction du recours aux travailleurs temporaires étrangers

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A partir du 27 septembre 2024, les entreprises canadiennes devront se conformer à une nouvelle réglementation limitant l’emploi des travailleurs temporaires étrangers. La mesure impose une réduction à 10 % du nombre de ces employés dans les effectifs des entreprises, une décision qui suscite des inquiétudes parmi les employeurs.

Le gouvernement fédéral justifie cette initiative en affirmant que le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), destiné à être utilisé en cas d’absence de main-d’œuvre locale qualifiée, est souvent détourné. Ce programme est censé pallier les pénuries temporaires de main-d’œuvre en recrutant des travailleurs étrangers, notamment dans les secteurs agricoles et spécialisés. Cependant, selon les autorités, il serait utilisé pour éviter de recruter des talents canadiens disponibles.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) se dit préoccupée par cette décision. Représentant plus de 97 000 petites et moyennes entreprises, la FCEI estime que cette limitation aggravera les difficultés de recrutement dans des secteurs déjà en tension, tels que l’agriculture, les métiers spécialisés et les zones rurales.

En 2020, le Canada comptait 117 000 travailleurs temporaires étrangers, mais ce nombre est tombé à 109 000 en juin 2024, selon les statistiques officielles. Les employeurs, particulièrement dans des secteurs comme l’agriculture, la restauration et le transport, ont exprimé leurs inquiétudes face à la baisse constante de cette main-d’œuvre. Les entreprises peinent à combler les postes vacants avec des candidats locaux, notamment dans les régions rurales.

Selon un rapport récent de l’Institut du Québec, l’immigration reste essentielle pour maintenir un équilibre sur le marché du travail, alors que de nombreux travailleurs âgés partent à la retraite. La réduction des quotas pour les travailleurs temporaires étrangers risque donc de creuser davantage le déficit de main-d’œuvre, notamment dans des secteurs essentiels à l’économie canadienne.

Répartition des travailleurs temporaires

Le Québec et l’Ontario sont les provinces les plus dépendantes des travailleurs temporaires étrangers. Le Québec emploie environ 32 % de ces travailleurs, principalement dans le secteur agricole, avec plus de 12 000 employés dans ce domaine. En Ontario, la proportion est similaire, avec plus de 16 000 travailleurs étrangers affectés aux récoltes agricoles.

Bien que la majorité des travailleurs temporaires étrangers viennent d’Amérique du Sud et d’Asie, l’Afrique compte également un contingent significatif. En juin 2024, 9 555 Africains étaient employés dans le cadre du programme, avec des pays comme la Tunisie, le Maroc et le Cameroun en tête.

L’avenir des travailleurs étrangers au Canada

Le gel des recrutements et la réduction des quotas pourraient entraîner des conséquences importantes pour les travailleurs étrangers déjà en place. De nombreux contrats risquent de ne pas être renouvelés, comme en témoigne un jeune marocain résidant à Montréal, qui s’inquiète de son avenir à l’approche de la fin de son contrat.

Alors que la mesure entre en vigueur, les entreprises doivent trouver de nouvelles stratégies pour répondre à leurs besoins en main-d’œuvre, notamment en investissant davantage dans la formation et le recrutement de travailleurs locaux, comme le recommande le gouvernement.

Avec BBC

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