OUAGADOUGOU, 14 SEPTEMBRE (ASPAMNEWS)-Selon les estimations, ils sont des milliers de réfugiés burkinabè qui ont fui leur domicile, dans un contexte d’insécurité chronique, suite aux violentes et répétitives attaques des terroristes.
Safia Sawadogo est arrivée dans ce camp de réfugiés début août. Elle fait de la bouillie, son seul repas pour l’instant. Mais au moins, elle se sent en sécurité. La jeune femme a dû fuir son village avec ses trois enfants, face à une intensification des attaques djihadistes. Elle raconte comment les terroristes ont fait irruption chez elle, tuant son mari et ses proches.
« Les terroristes sont venus attaquer notre village au Burkina Faso; ils ont tué nos maris et brûlé nos maisons. C’est ainsi que nous avons couru à travers les buissons vers les villes voisines où nous avons pris des bus pour rejoindre le Ghana. »
Un flux continu de réfugiés
A la frontière avec le Burkina Faso, les camps de fortune se multiplient. Les autorités estiment à environ 2.000,le nombre de réfugiés qui sont arrivés ici l’an dernier. Mais la situation évolue vite car presque chaque semaine, il y a de nouvelles arrivées.
Or, il est difficile pour les autorités de fournir toute l’aide nécessaire, car le nombre de nouvelles personnes ne cesse d’augmenter.
« Quand ils ont arrivés, leurs vêtements étaient tout ce qu’ils avaient. Même pour se laver, c’était très difficile, les enfants n’avaient pas de sandales. Donc il fallait que nous intervenions et c’est pourquoi nous sommes venus », confie Ahmed Tahiru, le chef du disctrict de Bawku ouest, localité située à la frontière entre le Ghana le Burkina Faso.
En tant que chef du district, Ahmed Tahiru travaille sans relâche pour fournir une assistance de base. L’Unicef et la Croix-Rouge fournissent pour leur part des tentes et des médicaments.
Peur au sein de la population locale
Mais la présence des réfugiés burkinabè suscite des inquiétudes au sein de la population d’acceuil. « Je suis assis ici et j’ai peur. Tout le monde dans cette communauté est inquiet parce que nous ne savons pas exactement qui ils sont et d’où ils viennent. Qui sait d’où viendront les terroristes ? De ce côté-ci ou de ce côté-là, alors nous avons peur », s’alarme Awudu Abanga, un habitant de la zone. Comme lui, de nombreuses autres personnes craignent même pour leur vie.
Le Ghana a renforcé sa présence sécuritaire dans cette région frontalière alors que les djihadistes continuent d’étendre leurs activités.Cependant, ces frontières poreuses restent également un sujet de préoccupation, et pas seulement pour les habitants.
« La plus grande menace est que des combattants djihadistes se fassent passer pour des civils fuyant le conflit et viennent au Ghana pour baliser le terrain », prévient Adib Saani, analysee au Centre Jatikay pour la sécurité humaine et la consolidation de la paix, à Accra.
Togo et Ghana, les nouveaux refuges des djihadistes au Sahel
Le Ghana a enregistré une première attaque terroriste mi août. Le pays a certes renforcé sa présence militaire dans la région frontalière avec le Burkina Faso mais des experts pensent que cette mesure « sera inefficace », si des projets de développement n’accompagnent pas la stratégie militaire. (SMM/2022)
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