02 juillet (ASPAMNEWS)- Les troupes américaines et de l’OTAN ont quitté ce vendredi 2 juillet la base stratégique de Bagram, en Afghanistan, a annoncé un responsable de la Défense américaine. Située sur le plus grand aérodrome du pays, cette base militaire avait permis, il y a vingt ans, des bombardements sur les groupes talibans et leurs alliés d’Al-Qaïda.
«Toutes les forces de la coalition ont quitté Bagram», a déclaré sous couvert d’anonymat le responsable américain, qui n’a pas indiqué le moment précis du retrait de cette base, située à 50 kilomètres au nord de Kaboul.
Le retrait de l’aérodrome de Bagram est l’indication la plus nette que les derniers des 2 500 à 3 500 soldats américains ont quitté l’Afghanistan ou sont sur le point de partir, des mois avant la promesse du président Joe Biden qui avait fixé la date du 11 septembre.
Depuis quelques semaines le départ des soldats américains et de leurs 7 000 alliés estimés de l’OTAN paraissait devoir coincider avec la date du 4 juillet, la fête nationale américaine.
Un retrait discret
La plupart des soldats de l’OTAN sont déjà sortis discrètement et sans cérémonie. Un contraste frappant avec la démonstration de force solennelle lorsque les alliés de l’OTAN se sont alignés pour soutenir l’invasion américaine en 2001.
L’évacuation de Bagram, dénué de tout faste, est une victoire symbolique pour les talibans. Ces derniers ont multiplié les offensives depuis que le retrait occidental d’Afghanistan a débuté en mai. Ils ont pris le contrôle de dizaines de districts ruraux, pendant que les forces de sécurité afghanes consolidaient leur présence dans les grandes villes.
Restitution aux forces afghanes
« L’aérodrome de Bagram a été officiellement remis au ministère de la Défense. Les forces américaines et de la coalition se sont complètement retirées de la base et désormais les forces armées afghanes protégeront la base et l’utiliseront pour combattre le terrorisme », a twitté le porte-parole adjoint du ministère, Fawad Aman.
La capacité de l’armée afghane à conserver le contrôle de l’aérodrome de Bagram pourrait être une des clés pour préserver la sécurité aux abords de la capitale Kaboul et pour maintenir la pression sur les talibans.
La capacité des forces gouvernementales à conserver ce point stratégique est jugée déterminant pour empêcher la capitale, Kaboul, de tomber. Rohullah Ahmadzai, porte-parole du ministère afghan de la Défense, se veut rassurant. Il précise que les autorités locales étaient « pleinement préparées » pour cette restitution. Cependant si la base de Bagram, située à moins d’une heure de Kaboul, tombait aux mains des insurgés, elle pourrait devenir une pièce maîtresse d’une offensive des talibans sur la capitale afghane.
Une base historique
Les États-Unis ont érigé cette base militaire pour leur allié afghan durant la Guerre froide, dans les années 1950, pour le protéger de l’Union soviétique au nord. Ironie de l’histoire, elle a été utilisée par les Soviétiques lors de leur invasion de l’Afghanistan en 1979, et l’Armée rouge n’a cessé de la développer pendant la décennie qu’a duré l’occupation du pays.
Pendant 10 ans, les Soviétiques ont combattu les moudjahidines soutenus par les États-Unis, surnommés à l’époque «les combattants de la liberté» par le président Ronald Reagan, qui les considérait comme une force de première ligne dans l’une des dernières batailles de la guerre froide. Lorsque les Soviétiques s’en sont retirés en 1989, la base de Bagram est devenue un enjeu majeur de la guerre civile qui a suivi.
Lorsque les États-Unis et l’OTAN ont hérité de Bagram en 2001, ils l’ont trouvé en ruines. Ils ont peu à peu reconstruit les lieux pour en faire une ville miniature à l’américaine. À son apogée, l’aérodrome de Bagram a vu plus de 100 000 soldats américains traverser son complexe tentaculaire. La base comprenait des piscines, cinémas et spas, et des chaînes de restauration rapide comme Burger King ou Pizza Hut. (PMK/2021)
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