13 OCTOBRE (ASPAMNEWS)- La Cour internationale de justice de La Haye (CIJ) a rendu son verdict ce mardi (12.10) dans le différend frontalier entre la Somalie et le Kenya.
La Somalie accusait son voisin kenyan de violer sa souveraineté territoriale dans l’océan Indien. Mogadiscio revendique une zone de 100.000 km2 qui serait riche en poissons et en hydrocarbures. La CIJ a tranché. Une grande partie de la zone revendiquée a été accordée à la Somalie.
L’arrêt sonne comme une victoire pour la Somalie. La Cour a statué qu’il n’y avait « pas de frontière maritime convenue » et a tracé une nouvelle frontière proche de celle revendiquée par la Somalie.
Depuis plusieurs années, la Somalie et le Kenya se disputent la souveraineté d’une zone susceptible d’abriter des gisements de pétrole et de gaz.
En février 2019, les tensions entre les deux pays étaient montées d’un cran avec le rappel par Nairobi de son ambassadeur à Mogadiscio.
Le Kenya avait alors accusé la Somalie d’avoir mis aux enchères des gisements pétroliers et gaziers dans la zone contestée.
Le Kenya avait lui aussi auparavant accordé à la compagnie italienne ENI des permis d’exploration pétrolière dans la zone litigieuse.
Face à l’échec des discussions entre les deux voisins, la Somalie avait, déjà en 2014, saisi la CIJ laquelle, malgré les contestations du Kenya, s’était déclarée compétente en février 2017.
Reste maintenant à savoir comment Nairobi va réagir au verdict qui vient d’être rendu.
Vendredi dernier (8.10), les autorités kenyanes avaient déjá laissé entendre ne plus reconnaître la Cour, qu’elles accusent de partialité. Le président de la Somalie a pour sa part demandé au Kenya de « respecter le droit international ».
Une longue liste de litiges
Outre le différend frontalier entre le Kenya et la Somalie, ailleurs sur le continent, plusieurs frontières héritées de la colonisation, ont été des sources de tensions entre des voisins.
Ce fut le cas entre le Cameroun et le Nigeria. Tous deux revendiquaient la presqu’île de Bakassi.
Après une confrontation militaire en 1994 et 1996, les deux pays s’étaient déportés devant la CIJ qui a reconnu en 2002 la souveraineté du Cameroun sur cette zone marécageuse de 1 000 km2 et qui serait riche en hydrocarbures.
Autre différend frontalier : celui qui a opposé pendant des années le Burkina Faso et le Niger. Un tronçon de quelque 375 kilomètres qui envenimait les relations entre les deux pays. Le litige fut réglé en 2013 par la CIJ.
Le Niger qui dispute aussi avec le Bénin le contrôle d’une zone frontalière, une portion de 10 kilomètre censée contenir du pétrole.
Autre litige territorial : celui qui oppose le Gabon et la Guinée équatoriale sur les îles Mbanie. Les deux pays d’Afrique centrale se disputent la souveraineté de trois îles depuis les années 1970. Libreville et Malabo ont convenu en 2008 de s’en remettre à la CIJ. Le verdict est toujours attendu.
Pour le différend frontalier qui les opposait depuis 2007, la Côte d’Ivoire et le Ghana s’étaient tournés vers le Tribunal international du Droit de la mer, basé à Hambourg en Allemagne. Les deux pays revendiquaient le contrôle d’une zone maritime potentiellement riche en pétrole. Le tribunal avait en 2017 tranché en faveur du Ghana.
Le Sénégal et la Guinée Bissau se disputaient aussi le contrôle d’une zone de 9 838 km2, et dont les eaux sont réputées riches en poissons et en pétrole.
La Guinée Bissau avait saisi la CIJ qui avait tranché en faveur du Sénégal. Mais, les deux pays s’étaient par la suite accordés en 1995 pour la gestion de la zone litigieuse à travers la création de l’Agence de gestion et de coopération (AGC).
Le contentieux entre le Tchad et la Libye sur la bande d’Aouzou a également été réglé avec la souveraineté tchadienne prononcée en 1994 par la Cour sur cette bande de terre de 114 000 km2 envahie par la Libye en 1973.
La RDC et la Zambie sont pour leur part sur le point de mettre un terme à une tension vieille de plusieurs décennies, grâce à la reprise des discussions sur la démarcation de 200 kilomètres situés entre les lacs Moero et Tanganyika.
La Cour internationale de justice a été créée en juin 1945 par les Nations unies. Seuls les Etats ont la capacité de saisir cette juridiction. (SPM/2021)
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