25 NOVEMBRE (ASPAMNEWS)- La brouille entre l’Algérie et la France continue de faire couler beaucoup d’encre sur les deux rives de la Méditerranée. Après que le président algérien Abdelmadjid Tebboune a affiché son intransigeance en affirmant qu’il ne ferait pas le premier pas pour rétablir des relations diplomatiques plus cordiales avec la France, Paris enchaîne les gestes d’apaisement. La semaine dernière, le président français Emmanuel Macron avait entrepris de recoller les morceaux avec Alger et fait savoir qu’il « regrette les polémiques et les malentendus engendrés par les propos rapportés » et était « fortement attaché au développement de la relation ». Dans un premier signe de détente, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, avait salué ces déclarations, y voyant du « respect pour la nation algérienne ».
Cette semaine, c’est le ministre de L’Europe et des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian qui est monté au front. Dans une interview au quotidien Le Monde, ce dernier a affirmé que la France souhaitait une relation « confiante » et un « partenariat ambitieux » avec l’Algérie, au-delà des « blessures » mémorielles qui peuvent « parfois » resurgir.
Paris propose « un partenariat ambitieux »
Le président Emmanuel Macron a déclenché l’ire d’Alger en octobre en accusant, selon des propos rapportés par Le Monde, le système « politico-militaire » algérien d’entretenir une « rente mémorielle » autour de la guerre d’indépendance et de la France, ancienne puissance coloniale.
D’après le quotidien, il s’est également interrogé sur l’existence d’une « nation algérienne » avant la colonisation française, suscitant de vives réactions dans la société algérienne. L’Algérie a alors rappelé son ambassadeur à Paris et interdit le survol de son territoire aux avions militaires français ralliant le Sahel.
Le président français a depuis fait part de ses « regrets » devant la polémique engendrée et s’est dit « fortement attaché au développement » de la relation bilatérale. Des déclarations saluées par Alger, qui a finalement envoyé son chef de la diplomatie Ramtane Lamamra à la conférence de Paris sur la Libye le 12 novembre. « Il y a parfois des malentendus, mais cela n’enlève rien à l’importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays », a souligné Jean-Yves Le Drian. « Il faut conserver ce lien fait de respect des souverainetés et d’une volonté commune de dépasser les contentieux pour retrouver une relation apaisée », a-t-il ajouté.
« Nous avons des liens ancrés dans l’histoire. Nous souhaitons que le partenariat franco-algérien soit ambitieux », a lancé Jean-Yves Le Drian dans cet entretien mis en ligne vendredi 19 novembre sur le site du journal. « Il est logique, quand on connaît notre histoire, qu’il y ait parfois des résurgences de blessures, mais il faut dépasser cela pour retrouver une relation confiante », a-t-il insisté.
Acteur régional influent
Selon Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen à Genève (Suisse), plus que la relation bilatérale elle-même, ce sont les dossiers régionaux, de la Libye au Mali, qui justifient cette main tendue de Paris. L’Algérie est un acteur régional influent au Mali, mais aussi en Libye.
Jean-Yves Le Drian a en tout cas plaidé pour une implication plus grande de l’Algérie dans la résolution du conflit au Mali ? les accords de paix entre Bamako et les groupes armés du nord du pays ont été signés à Alger en 2015 ? alors que le président algérien Abdelmadjid Tebboune s’est dit prêt à « venir en aide » aux Maliens, confrontés à l’extension des attaques djihadistes, s’ils en font la demande.
« Nous ne voyons que des avantages à ce que l’Algérie s’inscrive plus fortement encore dans la mise en ?uvre de ces accords », a relevé le chef de la diplomatie française, sans plus de précisions. (SPM/2021)
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