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MALI-ASSISES NATIONALES: ce qu’il faut retenir

31 DÉCEMBRE (ASPAMNEWS)- Mali koura, un Mali nouveau? mais pas tout de suite. En effet, les participants aux « Assises nationales de la refondation », présentées comme des consultations préalables à des élections et à un retour des civils au pouvoir dans le pays, ont proposé ce jeudi 30 décembre à Bamako de prolonger l’actuelle transition de la junte militaire de « six mois à cinq ans ».

Auteurs de coups d’État successifs en août 2020 et mai 2021, les militaires au pouvoir au Mali s’étaient engagés sous la pression de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et d’une partie de la communauté internationale, à remettre le pouvoir aux civils après des élections présidentielle et législatives initialement programmées en février 2022.

Mais la junte, dirigée par le colonel Assimi Goïta, avait finalement fait savoir à la Cedeao être dans l’incapacité de respecter le calendrier convenu et avait chargé les Assises nationales d’élaborer un calendrier électoral. La Cedeao a réitéré mi-décembre son exigence d’élections le 27 février devant rendre le pouvoir aux civils et menacé la junte de nouvelles sanctions si le calendrier n’était pas tenu.

La durée de la transition toujours pas tranchée

« Les participants se sont prononcés pour la prorogation de la transition afin de pouvoir réaliser les réformes institutionnelles structurantes et permettre des élections crédibles, équitables et transparentes. Les délais avancés varient de six mois à cinq ans », indique un rapport final lu à l’issue des Assises, en présence du colonel Goïta. « Conformément aux recommandations des Assises nationales, le gouvernement mettra en place un chronogramme visant à assurer à un retour constitutionnel apaisé et sécurisé », a déclaré Assimi Goïta, lors de la cérémonie de clôture des consultations, qui ont démarré le 11 décembre dans près de 725 communes sur 749 et dans 51 cercles sur 60. Elles n’ont pas pu se tenir dans les 9 cercles de Kidal et Ménaka (nord du Mali) pour des raisons sécuritaires. Elles ont, en revanche, été organisées dans 26 ambassades. « C’est donc l’occasion et le lieu de rassurer le peuple malien sur notre engagement et notre détermination quant à la mise en ?uvre des résolutions issues de ces Assises souveraines », a poursuivi le président de transition. Il a invité la Cedeao à « accompagner davantage le Mali dans la réalisation d’actions en soutenant l’organisation prochaine des élections ».

Présentées par les autorités comme un moment crucial de la transition ouverte depuis le putsch de 2020, ces Assises, dont la phase finale s’est déroulée de lundi à jeudi à Bamako, ont été boycottées par de nombreuses organisations maliennes. Ces consultations sont supposées accoucher de recommandations en vue de réformes destinées à remédier aux maux du pays pris dans la tourmente depuis le déclenchement d’insurrections indépendantiste et djihadiste en 2012. 

Le Mali a déjà connu de telles consultations nationales par le passé. C’est un des griefs des organisations qui ont décidé de ne pas y prendre part, en demandant la tenue rapide d’élections. Le 11 décembre, le Cadre d’échange, réunion de plusieurs partis et regroupements de partis, a jugé dans un communiqué que ces Assises n’étaient qu’une « man?uvre dilatoire » destinée à prolonger la transition, de la part d’un gouvernement « sans repère ni boussole ». Un jour auparavant, d’autres acteurs importants, au sein d’un Cadre stratégique permanent (CSP), avaient eux aussi prévenu que les conclusions des Assises ne les engageraient « nullement ».

Les priorités du pays

En attendant, les participants aux Assises ont fait des recommandations concrètes sur des sujets clés tels la sécurité, l’éducation, la santé, ou la justice, entre autres. Sur les questions de défense, proposition a été faite de « développer de nouveaux partenariats militaires avec des puissances militaires pour mieux défendre la souveraineté nationale », sous-entendu la Russie, de « dissoudre toutes les milices et les intégrer dans l’armée malienne » et de « militariser la police ».

De fortes tensions opposent la junte à la France, l’ancienne puissance coloniale qui a décidé récemment de réorganiser son dispositif au Sahel, et notamment au Mali, destiné à combattre les groupes djihadistes qui opèrent dans la région. Bamako, dont la Russie est un ancien allié des années marxistes-léninistes sous l’ex-président Modibo Keïta, a récemment démenti tout déploiement sur son territoire de mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner, dénoncé par une quinzaine de puissances occidentales impliquées dans la lutte antidjihadiste au Sahel.

Autre sujet majeur, l’accord de paix de 2015, dit d’Alger, conclu avec les groupes armés du Nord. Les participants aux Assises recommandent de le réviser et d’accélérer sa mise en ?uvre.

Sur la question de la gouvernance électorale, la principale recommandation faite est la mise en place d’un organe unique indépendant de gestion des élections, selon le rapport final. Les participants ont néanmoins insisté sur la réduction du nombre de partis politiques en durcissant les critères de création et leur financement. Un autre point a fait l’unanimité au cours des débats, celui concernant la réduction des pouvoirs du président de la République. Nombre de participants souhaitent qu’un mécanisme constitutionnel de destitution soit instauré pour encadrer les cas de crise grave ou de non-respect du serment.

Et après ?

Également au c?ur des priorités des panélistes maliens, les questions de justice économique et de lutte contre la corruption, sur lesquelles la Transition a multiplié les promesses. La synthèse finale recommande de rendre imprescriptibles les infractions en matière de corruption et de délinquance financière, ou encore de veiller au respect de l’indépendance de la justice par une séparation réelle des pouvoirs et une dépolitisation de la justice.

Ce sont au total plus de 594 propositions qui ont été avancées. Mais c’est bien sur l’épineux sujet du chronogramme de la transition que sont attendus les émissaires de Bamako au Ghana. Un membre de l’entourage du colonel Goïta a confirmé à l’Agence France-Presse qu’une délégation malienne « se rendra vendredi à Accra pour remettre au président en exercice de la Cedeao, le Ghanéen Nana Akufo-Addo, un document sur le délai de la transition, le chronogramme pour l’organisation des élections ». Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop et Zeïny Moulaye, président des Assises nationales, feront partie de la délégation, selon la même source. (PMN/2021)

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