L’Iran a adopté un projet de loi controversé visant à renforcer les sanctions contre les femmes et les filles enfreignant son strict code vestimentaire.
En vertu de ce projet de loi, les individus portant des vêtements jugés « inappropriés » risquent jusqu’à 10 ans de prison. Cette mesure a été approuvée pour une « période d’essai » de trois ans et attend maintenant l’approbation du Conseil des gardiens pour devenir loi.
Protestations Suite à la Mort de Mahsa Amini
Cette décision survient un an après les manifestations déclenchées par la mort en détention de Mahsa Amini. Elle avait été détenue par la police de la moralité pour avoir porté un hijab jugé inapproprié. Les manifestations nationales qui ont suivi ont vu des femmes brûler ou agiter leurs foulards en signe de protestation contre l’establishment clérical. Cependant, elles ont été réprimées par les forces de sécurité, et des centaines de personnes auraient été tuées.
Résistance Malgré le Retour de la Police de la Moralité
Malgré le retour de la police de la moralité dans les rues et l’installation de caméras de surveillance, un nombre croissant de femmes et de filles ont cessé de couvrir leurs cheveux en public à mesure que le climat de protestation s’apaisait.
Selon la loi iranienne, basée sur l’interprétation de la charia par le pays, les femmes et les filles en âge de puberté doivent couvrir leurs cheveux avec un hijab et porter des vêtements amples pour dissimuler leur silhouette. Actuellement, ceux qui ne se conforment pas risquent une peine de prison de 10 jours à deux mois ou une amende de 5 000 à 500 000 rials (0,10 à 10,14 dollars au taux de change du marché noir).
La « Loi du Hijab et de la Chasteté«
Le parlement iranien a adopté la « Loi du Hijab et de la Chasteté » avec 152 voix pour et 34 voix contre. Elle prévoit que les personnes surprises habillées de manière « inappropriée » dans des lieux publics seront soumises à une « peine du quatrième degré ». Selon le code pénal, cela signifie une peine de prison de cinq à dix ans et une amende de 180 à 360 millions de rials (3 651 à 7 302 dollars).
Amendes pour « Promotion de la Nudité »
Le projet de loi propose également des amendes pour ceux qui « favorisent la nudité » ou se moquent du hijab dans les médias et sur les réseaux sociaux, ainsi que pour les propriétaires de véhicules dans lesquels une conductrice ou une passagère ne porte pas de hijab ou de vêtements appropriés.
Sanctions pour la Promotion de la Non-Conformité au Code Vestimentaire
Toute personne qui promeut la violation du code vestimentaire « de manière organisée » ou « en coopération avec des gouvernements étrangers ou hostiles, des médias, des groupes ou des organisations » pourrait également être condamnée à une peine de prison de cinq à dix ans, précise le projet de loi.
Le Rôle du Conseil des Gardiens
Le projet de loi sera maintenant soumis à l’approbation du Conseil des gardiens, un organe conservateur de religieux et de juristes. Ils ont le pouvoir de mettre veto au projet de loi s’ils le jugent incompatible avec la constitution et la charia.
Mises en Garde des Experts en Droits de l’Homme de l’ONU
Plus tôt ce mois-ci, huit experts indépendants des droits de l’homme des Nations Unies ont averti que le projet de loi « pourrait être décrit comme une forme d’apartheid de genre ». Ils estiment que les autorités semblent gouverner par le biais d’une discrimination systémique pour soumettre complètement les femmes et les filles. Ils soulignent que ce projet de loi impose des sanctions sévères qui pourraient être appliquées de manière violente, violant ainsi de nombreux droits fondamentaux.
Les commentaires sont fermés.