Le procès du chef d’une secte évangélique apocalyptique au Kenya, Paul Nthenge Mackenzie, a débuté ce lundi à Mombasa. Il est accusé de terrorisme après la mort de plus de 400 adeptes dans ce qui est désormais connu comme le « massacre de Shakahola », un événement qui a horrifié le Kenya et le monde entier.
Arrêté en avril 2023, Mackenzie aurait incité ses adeptes à jeûner jusqu’à la mort pour « rencontrer Jésus » avant la fin du monde qu’il avait prédite pour 2023. En parallèle, 94 coaccusés ont comparu à ses côtés, faisant face à des accusations allant du meurtre à l’enlèvement en passant par la torture d’enfants.
Les audiences, présidées par la magistrate principale Leah Juma, ont rapidement pris un tour privé pour protéger un témoin clé. Mackenzie et ses coaccusés avaient plaidé non coupable lors d’une audience en janvier.
440 corps exhumés
Le massacre de Shakahola a vu l’exhumation de plus de 440 corps dans une zone isolée près de Malindi, avec des autopsies révélant que, bien que beaucoup soient morts de faim, certains avaient été étranglés, battus ou étouffés. Des preuves troublantes d’organes prélevés sur certaines victimes ont également été mises au jour.
Selon le ministère public, environ 90 témoins seront appelés à témoigner pour démontrer que le groupe de Mackenzie fonctionnait non seulement comme un mouvement extrémiste mais aussi comme une organisation criminelle sophistiquée. L’avocat de la défense, Me Jules Muvweko, a annoncé son intention de faire appel des verdicts.
Mackenzie, ancien chauffeur de taxi, avait fondé en 2003 l’ »Eglise internationale de bonne nouvelle », qu’il avait fermée en 2019 pour s’installer à Shakahola et préparer ce qu’il annonçait comme la fin du monde en août 2023.
Les autorités ont commencé à rendre les corps identifiés aux familles en mars dernier, après des mois des analyses ADN. Cependant, un rapport sénatorial a pointé du doigt les « défaillances » de la police et du système judiciaire qui n’ont pas réussi à empêcher les activités de Mackenzie, malgré plusieurs arrestations antérieures.
La Commission nationale des droits humains du Kenya a également critiqué la police pour avoir ignoré plusieurs avertissements concernant la secte, y compris des appels à l’aide sur Facebook d’une ancienne adepte en novembre 2022. Au lieu d’enquêter, la police avait intimidé la dénonciatrice et soutenu une plainte pour diffamation de Mackenzie contre elle.
Le ministre de l’Intérieur, Kithure Kindiki, a qualifié le massacre de Shakahola de « pire faille de sécurité dans l’histoire de notre pays », promettant des réformes pour mieux surveiller les pasteurs déviants. La forêt de Shakahola de 325 hectares devrait être transformée en lieu de mémoire pour les victimes.
Cette affaire a également poussé le président William Ruto à réexaminer les nombreux mouvements religieux au Kenya.
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