La Guinée-Bissau traverse une nouvelle crise institutionnelle alors que le président Umaro Sissoco Embalo a annoncé, ce lundi 4 novembre, le report des élections législatives anticipées, initialement prévues pour le 24 novembre. Ce report, motivé par des difficultés logistiques et financières, vient alimenter le débat sur la stabilité démocratique dans un pays souvent agité par les tensions politiques.Dans un communiqué officiel, le ministre de l’Administration territoriale, Aristides Ocante da Silva, a expliqué que le décret de juillet 2024 fixant la date des législatives avait été annulé. Selon lui, les défis logistiques et financiers, combinés à un calendrier très serré, rendaient impossible l’organisation d’un scrutin en conformité avec les normes démocratiques. « Le délai était trop court pour régler les problèmes organisationnels nécessaires à la tenue des élections », a-t-il précisé.Ce report arrive dans un contexte où le pays connaît une fragilité financière importante, mais aussi des tensions croissantes entre différentes factions politiques. Il souligne les difficultés auxquelles l’administration Embalo fait face pour mettre en place une élection cruciale pour la légitimité démocratique de la Guinée-Bissau.Si les difficultés logistiques et financières expliquent le report selon le gouvernement, d’autres sources guinéennes laissent entendre que la question est également politique. Le terme du mandat du président Embalo ainsi que la date des prochaines élections présidentielles, sujet sensible, restent incertains. Plusieurs voix s’élèvent pour critiquer l’absence de transparence et de calendrier clair, ce qui pourrait entraîner des soupçons sur la volonté réelle de respecter les engagements démocratiques.Il y a quelques années à peine, Umaro Sissoco Embalo était présenté par la CEDEAO et la France comme un modèle de stabilité et de démocratie en Afrique de l’Ouest. Soutenu par ces partenaires internationaux, Embalo avait affirmé son engagement pour rétablir un ordre constitutionnel solide dans le pays. Cependant, ce report des législatives risque de ternir son image de « leader démocrate » que ses alliés régionaux et internationaux avaient tant défendue.Dans un contexte où plusieurs pays de la sous-région font face à des défis de gouvernance, cette incapacité à organiser des élections à bonne date jette une ombre sur l’efficacité de la politique de démocratisation prônée par des instances comme la CEDEAO. Ce report peut en effet être perçu comme un recul de plus pour la démocratie en Afrique de l’Ouest, où les transitions politiques sont souvent fragiles.
La rédaction