Au cœur du conflit entre les deux armées soudanaises, les violences sexuelles à l’encontre des femmes s’intensifient.
Bien que les deux camps soient accusés d’exactions, les Forces de soutien rapide (FSR) sont largement pointées du doigt, indique RFI. Selon un rapport publié le 23 octobre par des experts de l’ONU, ces paramilitaires, dirigés par le général Hemedti, reproduisent les pratiques utilisées lors du génocide du Darfour au début des années 2000, où le viol était une arme de guerre.
Des témoignages glaçants
A Omdurman, une victime de 28 ans, appelé Fatima par RFI, a accepté de raconter son calvaire. Le 14 janvier 2024, elle a été enlevée par trois soldats des FSR. Sous prétexte que son oncle travaille dans les douanes, elle est accusée de collaborer avec l’armée régulière.
Ils m’ont emmenée dans une maison obscure. C’était très sombre, je sentais l’odeur du sang. Ils m’ont frappée, traînée dans les escaliers, puis violée, un par un. Leur chef m’a dit qu’il le faisait pour humilier mon oncle. Après cela, ils ont envisagé de me tuer, mais un officier m’a prise sous sa coupe, pensant faire de moi son esclave.
Selon Fatima, les FSR organisent un trafic d’esclaves sexuelles, vendant des centaines de femmes sur des marchés au Darfour.
Le poids du silence
Après avoir échappé à ses ravisseurs grâce à l’aide de sa mère, Fatima a franchi les lignes de front. Mais elle n’a trouvé ni aide ni réconfort. Interrogée par les renseignements de l’armée régulière sur les positions ennemies, son traumatisme a été ignoré.
Quand mon mari a appris ce qui m’était arrivé, il a voulu divorcer. Finalement, il m’a gardée sous condition : ne jamais en parler. Chez nous, c’est un sujet tabou, une honte qu’on cache même à la famille.
Quatre ans après la révolution qui avait renversé le régime d’Omar el-Béchir et porté des promesses de changement, les Soudanaises sont les premières victimes de cette guerre brutale. L’espoir d’un avenir meilleur pour les femmes s’est effondré, remplacé par un cycle de violence, de silence et de stigmatisation.
Les conflits armés n’épargnent personne, mais les femmes paient souvent le prix le plus élevé.