En République démocratique du Congo, la justice militaire a récemment prononcé 22 nouvelles condamnations à mort contre des soldats accusés de « fuite devant l’ennemi » lors des affrontements avec les rebelles du M23. Ces verdicts, annoncés ce 8 juillet 2024, portent à près de 50 le nombre de peines capitales infligées en moins d’une semaine pour des faits similaires.
Au cours d’une session du tribunal militaire siégeant à Lubero, dans la province du Nord-Kivu, 16 soldats ont été condamnés à la peine de mort, trois autres à 10 ans de prison, tandis que trois accusés ont été acquittés. Dans une autre affaire jugée immédiatement après, six autres militaires ont également reçu la peine capitale, avec un seul acquittement. L’avocat de la défense, Jules Muvweko, a annoncé son intention de faire appel.
La semaine précédente
Le même tribunal avait déjà condamné 25 soldats à mort lors d’une audience à Alimbongo, situé à environ 70 km de Lubero. Le vendredi précédent, deux autres condamnations à mort avaient été prononcées à Lubero.
Les accusations portées contre ces militaires incluent « lâcheté », « fuite devant l’ennemi », « dissipation de munitions de guerre », « violation des consignes », ainsi que des crimes tels que meurtre, vol, pillages et extorsion. Ces jugements surviennent alors que le M23, soutenu par le Rwanda, continue de gagner du terrain dans le Nord-Kivu, une région déstabilisée par deux ans et demi de conflit.
La rébellion du M23 a progressivement conquis de vastes portions de cette province, menaçant même d’encercler son chef-lieu, Goma. Face à cette avancée, les autorités congolaises ont intensifié les mesures punitives pour décourager la désertion et la trahison au sein de leurs forces armées.
Ces procès visent à servir de leçon, selon la capitaine Mélissa Kahambu Muhasa, représentant le ministère public. Ils cherchent à dissuader les militaires d’abandonner leurs postes en première ligne, qualifiant cette attitude de « fléau ».
Cependant, la défense a plaidé pour des circonstances atténuantes, soulignant les conditions de vie difficiles des soldats. « Comment peut-on demander à des soldats de rester sur le front sans nourriture pendant cinq jours ? », s’est insurgé l’avocat Muvweko, appelant le gouvernement à mieux prendre soin des militaires pour éviter de telles situations.
Aucune exécution capitale n’a eu lieu en RDC depuis plus de vingt ans. Néanmoins, en réponse à l’échec militaire face au M23, Kinshasa a récemment levé un moratoire sur la peine de mort, en vigueur depuis 2003, visant principalement les militaires accusés de trahison.
En mai dernier, huit militaires, dont cinq officiers, avaient déjà été condamnés à mort pour « lâcheté » et « fuite devant l’ennemi ». Ces mesures, bien que controversées, reflètent la détermination des autorités congolaises à renforcer la discipline et la loyauté au sein de leurs forces armées face à la menace persistante du M23.
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