1er juin (ASPAMNEWS)- L’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, attendu à Abidjan après dix ans d’absence le 17 juin, selon son parti, n’est animé d’aucun esprit de revanche, assurent ses proches, et vient au contraire œuvrer à la politique de « réconciliation nationale » dans un pays à l’histoire récente marquée par la violence.
Le retour tant attendu par ses partisans de l’ancien président depuis son acquittement définitif, fin mars, de crimes contre l’humanité par la justice internationale, a été annoncé lundi soir par Assoa Adou, secrétaire général de son parti, le Front populaire ivoirien (FPI).
Un retour qui n’avait été ni confirmé ni démenti mardi par le gouvernement ivoirien et le parti au pouvoir, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Une source proche de la présidence s’est, elle, contentée de dire que « le dossier est suivi par la Primature ».
Avant d’annoncer la date d’arrivée à Abidjan de Laurent Gbagbo, lors d’une cérémonie organisée pour célébrer ses 76 ans, Assoa Adou a assuré que « la phase que nous allons aborder » avec ce retour « est une phase importante pour l’avenir de la Côte d’Ivoire, la phase de la réconciliation, de la paix, de la reconstruction de notre pays ».
Cité par le quotidien pro-Gbagbo Le Temps, Stéphane Kipré, gendre de l’ex-président, affirme qu’il « ne vient pas avec un esprit revanchard, mais pour la réconciliation. Que personne n’ait peur ».
Aucune volonté de revanche, donc, selon ses proches de la part de M. Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 à Abidjan après avoir contesté la victoire d’Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010: son refus d’admettre sa défaite avait alors provoqué une grave crise post-électorale ayant fait quelque 3.000 morts.
C’est pour ces violences que M. Gbagbo avait d’abord été détenu dans le Nord de la Côte d’Ivoire, puis transféré fin 2011 à la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye, qui l’a finalement définitivement acquitté de crimes contre l’humanité le 31 mars dernier, à l’issue d’une longue procédure. Il vit depuis à Bruxelles.
Une association des victimes des violences de 2010-2011 s’inquiète du retour de l’ex-président qu’elle qualifie « de criminel qui doit être livré à la justice ».
Laurent Gbagbo reste sous le coup d’une condamnation en Côte d’Ivoire à 20 ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) commis à cette époque.
Pour le Collectif des victimes de Côte d’Ivoire (CVCI), cette peine doit être exécutée.
– « Accueil triomphal » –
En annonçant début avril qu’il était libre de rentrer quand il le souhaitait en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara n’a pas mentionné cette condamnation, mais Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a laissé entendre qu’elle serait levée.
Les modalités de l’accueil de Laurent Gbagbo restent floues: si ses partisans veulent lui réserver « un accueil triomphal », le pouvoir préfèrerait plus de discrétion afin d’éviter tout débordement que pourrait occasionner un rassemblement de dizaines de milliers de personnes dans les rues d’Abidjan.
Accusé de vouloir minimiser l’impact de ce retour, le parti au pouvoir s’en est défendu. « C’est le président qui a annoncé le retour de Laurent Gbagbo. Comment voulez-vous que ce soit le RHDP qui rame à contre-courant de son président ? Simplement nous voulons que tout se passe dans l’apaisement », a déclaré Adama Bictogo, directeur exécutif du RHDP.
L’apaisement évoqué par M. Bictogo est perceptible depuis plusieurs mois en Côte d’Ivoire, après les dernières violences liées à la présidentielle d’octobre 2020.
Alassane Ouattara a été réélu pour un troisième mandat controversé au cours d’une présidentielle boycottée par l’opposition qui jugeait ce nouveau mandat inconstitutionnel. Le scrutin a donné lieu à une crise électorale qui a fait une centaine de morts et un demi-millier de blessés entre août et novembre 2020.
Mais après ces violences, les gestes de décrispation, au nom de la « réconciliation nationale », se sont multipliés avec la libération de prisonniers arrêtés pendant cette dernière crise électorale et le retour d’exilés partisans de Laurent Gbagbo.
Et contrairement aux scrutins précédents, les dernières législatives de mars se sont déroulées dans le calme et les grands partis d’opposition y ont participé, en particulier le FPI de M. Gbagbo, qui boycottait toutes les élections depuis 10 ans. (STB/2021)
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