OUAGADOUGOU, 25 JANVIER (ASPAMNEWS)- Des populations sont sorties en grand nombre, mardi 25 janvier 2022 à Ouagadougou, pour manifester leur soutien aux militaires regroupés au sein du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), qui ont renversé la veille, lundi 24 janvier, le président Roch Kaboré.
Après la manifestation populaire, hier lundi 24 janvier 2022 à l’annonce, dans la soirée, de la prise du pouvoir par un groupe de militaires, plusieurs centaines de populations sont de nouveau sorties mardi 25 janvier 2022 pour manifester leur soutien aux nouvelles autorités à la tête du Burkina Faso.
Depuis 10h (heure locale), ils étaient plusieurs centaines à prendre d’assaut la mythique Place de la Nation. Des membres d’Organisations de la société civile (OSC), de simples citoyens, ils étaient de bords différents à manifester leur joie pour la prise du pouvoir des militaires se réclamant du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR).
Munis de vuvuzelas, de sifflets, de hauts parleurs, tout l’arsenal était réuni pour faire du bruit et se faire entendre. Ils étaient également nombreux les manifestants qui portaient autour de leurs cous, sur les épaules, les drapeaux du Burkina Faso, du Mali et de la Russie. D’autres brandissaient des pancartes sur lesquelles se lisaient des slogans du genre «Vive l’Armée! Vive la révolution africaine! Non à la France! A bas la CEDEAO!»
«Ce qui est arrivé n’est pas un coup d’Etat, mais une restauration de la dignité du peuple burkinabè»
Les manifestants du jour s’opposent à l’idée que l’action des militaires contre le régime du président Roch Kabore soit un coup d’Etat. Pour eux, ces militaires qui font partie de la composante de la population burkinabè, ont juste répondu aux aspirations du peuple. «Ce qui est arrivé n’est pas un coup d’Etat, mais une restauration de la dignité du peuple burkinabè», précise le coordonnateur du mouvement ‘’Action concorde’’, Lassina Ouédraogo. Il ajoute que «le peuple burkinabè voit les soldats comme des libérateurs» et c’est ce qui a poussé lui et ses camarades à sortir ce matin pour leur manifester leur soutien «indéfectible» afin qu’ils conduisent à bon port le Burkina Faso et permettre au pays de retrouver son lustre d’antan.
Dans une véritable liesse populaire, marquée par des klaxons de motos et des cris de victoire, les marcheurs martèlent leur détermination à accompagner le MPSR «dans son action de libération du peuple burkinabè». «C’est maintenant que nous nous sentons Burkinabè, c’est maintenant que nous réalisons que l’Armée burkinabè est vraiment républicaine et patriotique», clame pour sa part Abdoul Karim Baguian du mouvement ‘’Sauvons le Burkina’’. Du reste, il invite les militaires à travailler à l’unisson avec tout le monde y compris le président déchu, pour la réconciliation au Burkina Faso.
Soutien au Mali, appel du pied à la Russie et rejet de la France et de la CEDEAO «des chefs d’Etat»
Dans la foule de manifestants, certains ont brandi haut le drapeau du Mali, de la Russie à côté de celui du Burkina Faso. Un symbole, selon eux, du changement de paradigme qu’ils promeuvent. «Le drapeau du Mali, c’est pour montrer au peuple malien que le Burkina c’est leur pays frère, qu’on est dans le même combat et que le Burkina ne les laissera jamais tomber», a fait savoir Bakary Coulibaly, le drapeau du Mali en main. Il dit être sorti comme simple citoyen pour témoigner son soutien aux militaires au pouvoir.
Autour de Bakary Coulibaly se trouvait une foule haranguée qui proclamait la souveraineté des peuples africains. «On n’est pas une préfecture de la France, on est un Etat souverain», notent des manifestants qui indiquent soutenir la Russie et l’appellent à prendre attache avec les nouvelles autorités du Burkina Faso pour définir un nouveau plan stratégique de sécurisation du Sahel. «La politique française n’a pas apporté les résultats escomptés en 10 ans d’intervention dans le Sahel. Trop de morts, trop de réfugiés, trop c’est trop», lassitude de cet ingénieur en génie civil, Nabazougou Betrand Yoda.
Les marcheurs ont aussi exprimé leur déception de la politique de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui est selon eux une «CEDEAO des chefs d’Etat» et non «une CEDEAO des peuples» comme il se devait. «Aujourd’hui, nous souhaitons que la CEDEAO ne soit plus celle des chefs d’Etat, mais des peuples», vœu de Nabazougou Betrand Yoda.
Quant à Lassina Ouédraogo du mouvement ‘’Action concorde’’, il met en garde l’organisation ouest africaine: «Hier c’était IBK, il y a eu Alpha Condé, aujourd’hui c’est Roch Kaboré, demain si la CEDEAO n’y prend garde, ça sera Mohamed Bazoum du Niger, Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire. La CEDEAO sera désormais entre les mains des révolutionnaires qui seront à la tête de nos Etats», a-t-il déclaré. Pour lui, «aucune puissance étrangère ne viendra nous (le Burkina) imposer un calendrier, ce sont les forces vives de la Nation qui vont décider de leur calendrier». «Nous pouvons assumer notre destin loin de la France», a-t-il ajouté. (WKR/2022)
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