Les dirigeants des pays les plus pauvres du monde étaient réunis dimanche dernier à Doha sous l’égide de l’ONU, promettant des actions concrètes contre l’extrême pauvreté, tout en admettant parfois un regard désabusé sur le modèle économique mondial. La cheffe du gouvernement, Victoire Tomégah-Dogbé, participe aux travaux.
Les 33 pays d’Afrique, 12 pays d’Asie-Pacifique et Haïti étaient représentées dans une conférence reportée deux fois pour cause de pandémie de covid-19.
Tous appartiennent à la catégorie des Pays les moins avancés (PMA), créée il y a cinquante ans et supposée leur apporter un soutien international particulier.
Plus d’excuses, a réclamé le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres aux pays les plus riches, dont aucun chef d’Etat ou de gouvernement n’était présent à l’exception du pays hôte. “Il est grand temps que les pays développés respectent leur engagement pour fournir aux PMA entre 0,15 et 0,2% de leur revenu national brut”.
La situation dramatique des PMA renvoie d’abord à “un problème structurel lié à l’absence de justice dans la relation entre les centres industriels avancés et les périphéries de notre monde”, a admis l’émir du Qatar, Cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. “Il n’y a moyen de construire un monde nouveau plus sûr, plus juste et plus libre pour aujourd’hui et demain, que par la solidarité humaine internationale”, a-t-il ajouté.
Mais si un plan d’action en faveur des PMA a été adopté lors de l’Assemblée générale de l’ONU l’année dernière, aucune promesse de contribution financière majeure n’est prévue lors du sommet. Grâce à leur désignation parmi les plus défavorisés, ces pays sont censés bénéficier de privilèges commerciaux et d’un accès plus facile aux aides et autres financements. Depuis 1971, leur nombre est 24 au départ a pourtant presque doublé.
L’ensemble des pays pauvres ont plongé sous l’effet des grandes crises récentes : la pandémie de covid-19, la crise en Ukraine, l’inflation des produits alimentaires et de l’énergie. De quoi questionner l’efficacité du processus. “Nous avons besoin d’un flot de capitaux (…) et à un prix juste”, a notamment affirmé le président zambien Hakainde Hichilema, réclamant un partenariat plus intense entre PMA eux mêmes.
Cinquante ans après la création du statut de PMA, “le constat est sans équivoque. Les mesures mises en places (…) n’ont pas produit les résultats escomptés”, a constaté de son côté le président djiboutien Ismaël Omar Guelleh. “Nous sommes en deçà des objectifs poursuivis dans la plupart des domaines”.
Depuis samedi dernier, les constats les plus accablants les uns que les autres se sont succédé. Services de bases exsangues, dette souveraine abyssale, taux d’intérêts de rapaces, logiques financières de prédation, pays riches incapables de transformer les promesses en actions, pour cause notamment de divisions géopolitiques voire de manque de volonté politique.
La conférence onusienne, officiellement ouverte dimanche après un sommet samedi des PMA, doit durer jusqu’aujourd’hui 9 mars.
Les commentaires sont fermés.