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RDC/BEMBA DE RETOUR: L'objectif n°1, devenir président de la République

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Jean-Pierre Bemba, acclamé mercredi par des dizaines de milliers de personnes à son retour en République démocratique du Congo, est un ancien homme d’affaires et rebelle, bien décidé à revenir en politique après voir été condamné puis acquitté par la Cour pénale internationale (CPI) pour des crimes commis par ses troupes en Centrafrique.
Né le 4 novembre 1962 à Bogada, dans la région forestière de l’Équateur (frontalière de la Centrafrique), Jean-Pierre Bemba est le fils d’un riche homme d’affaires proche de Mobutu Sese Seko, qui tient sous son joug ce qui s’appelle alors le Congo-Kinshasa puis le Zaïre.
Diplômé d’une école de commerce à Bruxelles, il dirige les entreprises familiales puis se lance à son compte dans la téléphonie mobile, le fret aérien, crée deux chaînes de télévision.
De cette époque, un de ses anciens proches garde de lui l’image d’un homme « accroché à une calculette », peu prompt à s’acquitter de l’impôt mais intraitable avec ses débiteurs. Il était « trop impulsif, trop autoritaire comme patron ».
Le « Chairman », comme on le surnomme encore au sein de son parti était « réactif », dit-il, au point d’agir parfois dans « une sorte de précipitation qui peut conduire à des erreurs », confirme le député Delly Sesanga, son ex-directeur de cabinet. Mais il était un « chef intelligent doté d’un sens pratique aigu » et « sûr de lui », doué d' »autorité » pour les « décisions importantes ».
– « Mobutu miniature » –
L’aventure militaire de M. Bemba commence en 1998. Surnommé le « Mobutu miniature », il a quitté brusquement la capitale l’année précédente après la prise du pouvoir par le chef rebelle Laurent-Désiré Kabila (père de l’actuel président congolais Joseph Kabila) et l’emprisonnement de son père.
Soutenu par l’Ouganda, il crée et dirige le MLC. Ce mouvement rebelle régnera en maître dans la région de l’Équateur et une partie du nord-est du pays.
Comme tous les belligérants ayant pris part à la deuxième guerre du Congo (1998-2003), le MLC est accusé par les Nations unies d’avoir commis des atrocités à grande échelle dans les zones qu’il contrôlait.
Réputé audacieux, M. Bemba, colosse d’1,90 m au visage rond, obtient à la fin de la guerre un des quatre postes de vice-président dans le cadre d’une transition politique dirigée par Joseph Kabila, qui a accédé à la tête de l’État à la mort de son père en 2001.
Battu par M. Kabila à la présidentielle de 2006 après un entre-deux-tours émaillé de violences, il est élu sénateur. Il refuse alors d’abandonner sa garde rapprochée (privilège que lui valait ses fonctions de vice-président) en disant craindre pour sa sécurité.
L’affrontement avec le pouvoir est inévitable. Bemba en sort perdant. Il quitte Kinshasa sous escorte blindée des Casques bleus une nuit d’avril 2007, après d’intenses combats entre l’armée congolaise et sa milice ayant fait au moins 300 morts en plein cœur de Kinshasa selon l’ONU.
L’enfant chéri de Kinshasa, où il avait obtenu 70% des suffrages contre M. Kabila à la présidentielle, est arrêté à Bruxelles en mai 2008, en vertu d’un mandat d’arrêt de la CPI. Depuis, le MLC (devenu un parti politique) a perdu une vingtaine de ses dirigeants, mais reste la deuxième force d’opposition à l’Assemblée nationale.
Après onze ans d’exil, âgé de 55 ans, il revient à Kinshasa dans la ferme intention de concourir à l’élection présidentielle du 23 décembre pour la succession de Joseph Kabila, dont il avait été vice-président.
En mars 2016, à La Haye, où il était détenu depuis 2008, il est condamné en première instance par la CPI à 18 ans de prison pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre en 2002 et 2003.
Le MLC appuyait en Centrafrique voisine le président Ange-Félix Patassé, pour écraser une tentative de coup d’État du général François Bozizé qui finira par s’emparer du pouvoir en 2003.
Mais le 8 juin dernier, la CPI l’acquitte en appel et le libère quatre jours plus tard sous condition « car les sérieuses erreurs commises par la chambre de première instance font entièrement disparaître sa responsabilité pénale ». (SPM/2018)

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